RFSS N°196-197 : "Être Jeune aujourd'hui "




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Sommaire
 
Le mot de la Présidente
 
Editorial
 
I. La jeunesse : un pseudo concept.

a. L'allongement de la jeunesse, un phénomène à double face.
Christian Baudelot et Roger Establet, sociologues
 
b. Vers un nouveau cycle de vie ?
Irène Jonas, sociologue
 
c. C'est quoi un père ? Quelle est sa place dans notre société aujourd’hui ?
Edith Godin, association La Pose
 
d. L'accompagnement de la fonction parentale : un enjeu de politique familiale ?
Véronique Delaunay-Guivarche, CNAF
 
II. Devenir adulte : un passage difficile
A l'écoute des adolescents

a. L'adolescence à l'épreuve du temps
Patrice Huerre, psychiatre
 
b. Souffrance sociale, souffrance psychique : une écoute,
Marie-Christine Freire, déléguée interministérielle à l'insertion des jeunes
 
c. Réflexion sur les besoins de santé des jeunes et mise en perspective dans une approche de travail en réseau,
Xavier Gassmann, psychologue
 
S'insérer, un challenge
d. Quels débouchés professionnels à l’université ?
Georges-Michel Salomon, Confédération française des professions sociales
 
e. Le 115 et les jeunes : une étude significative de la FNARS
 
Des conduites à risques
f. La prise de toxiques chez les adolescents
Martine Carpentier, psychiatre
 
g. La délinquance des mineurs
Claire Bernard, assistante sociale
 
h. Le suicide des adolescents
Xavier Pommereau, psychiatre
 
III. Des pratiques en question et en expérimentation
 
a. L'assistante sociale scolaire et l'institution
Eliane Pierson, conseillère technique
 
b. L'assistante de Service Social en faveur des élèves
Véronique Canel, assistante sociale
 
c. Les missions locales : leur action auprès des 16-25 ans
Deux assistantes de service social travaillant en mission locale
 
d. Le travail en partenariat (Service Social Psychologue) au sein d'un Point Santé Jeunes dans le Val d'Oise, assistantes de service social du Point Santé
 
e. Assistante Sociale dans une nouvelle unité d'hospitalisation pour adolescents : le CCASA
Marie-Claude Assouline, assistante sociale
 
IV. Nous avons lu
 
- Assistante Sociale : pour la redéfinition d'un métier. Essai anthropo-sociologique sur le service social. Jean-François Garnier, Ed. L'Harmattan, juin 1999
- Les nomades du vide, François Chobeaux, Actes Sud, février 1999
 
Parutions à signaler
- L'annuaire de la FNARS
- Le topo-guide du CNAEMO
- Le guide de la médiation interculturelle
- L'évaluation du travail social et de l'action sociale, ANAS
 
V. Les travailleurs sociaux se mobilisent : informations
 
a. Le service social se met en scène :
Connaissez-vous Madame Olive ?
La compagnie JAVAH présente Peau d'Ange
 
b. Lorsque des travailleurs sociaux écrivent avec les usagers : deux plongeons et plus
 
c. Quand il s'agit encore de lutter contre l’illettrisme : la FENALI
 
d. Le collectif des étudiants travailleurs sociaux
 
e. L'ONFTS devient l'association française pour la formation et la recherche en travail social
f. Le colloque de CQFD
 
VI. Vie de l’ANAS
 
a. L'assemblée Générale du 15 janvier 2000
 
b. Diversité du travail social dans le monde : journée d'étude du 26 février 2000. Commission internationale
 
c. La responsabilité en travail social : une question traitée par la section A.N.A.S. 44
 
d. Le Forum 2000 : « Les défis de l'innovation sociale », Poitiers, les 15, 16 et 17 mars 2000
 
e. Les rapports intermédiaires des trois commissions du CSTS auxquelles l'A.N.A.S. participe « Ethique et Déontologie », « Nouvelles Technologies » et « Violence »
 
f. Les groupes de travail sur la formation des travailleurs sociaux
 
g. Audition de la Commission étudiants à la DAS
 
h. Les vingt ans du CNAEMO
 
i. Montréal 2000- Montpellier 2002
 
j. Les JET 2000

 

Éditorial

Editorial
 
Françoise Vanbelle
 
Génération 2000, génération galère, génération en quête de repères, en désespérance, violente.

Cet alignement d'attributs négatifs rend-il bien compte de ce qu'est la jeunesse de cette fin millénaire ?

Tout et son contraire peut être dit et écrit ; la télévision, les médias en témoignent.

Génération Rap, génération Techno, pleine d'énergie, capable d'assumer des responsabilités, de s'engager avec la maturité et l'impertinence nécessaire au changement, riche d'expressions nouvelles, d'esprit d'entreprise et d'adaptation.

La jeunesse, pseudo concept, c'est tout cela et en tout cas ce n'est pas uniquement la situation des jeunes non insérés socialement ou professionnellement.

Toute détermination de « catégorie » de jeunes a un caractère fonctionnel, quelque peu arbitraire dans le cadre, par exemple, d'un objet d'étude ou de l'examen d'ouverture de droit à des prestations.

Ce qui peut donner unité à ce concept « incertain », c'est plutôt quelques conclusions qui caractérisent le processus vital de renouvellement de toute génération.

Les jeunes toujours recherchent et définissent de nouvelles valeurs.

Ils remettent en cause notre culture.

Ils remettent en question les modèles familiaux, la période de la jeunesse s'articulant autour de la contradiction rupture/intégration. C'est le prix à payer pour affirmer son identité.

Dans quel contexte ces jeunes grandissent-ils ?

Leur position par rapport aux possibilités d'insertion tant sociale que profes­sionnelle traduit une tendance à l'atténuation des différences entre classes sociales favorisées et classes défavorisées : le chômage, les emplois précaires, la déqualification, ils connaissent, même en étant « surdiplômés ».

Dans une société qui prêche l'individualisme et le primat de l'argent, pour être parmi les plus performants, ils sacralisent à fond le travail qui s'éparpille dans le temps et l'espace : ce sont des flexibles nés et contraints.

Dans les paradoxes et les contradictions qu'ils vivent, la violence est devenue mode d'expression. A défaut d'une parole élaborée, elle traduit la transgres­sion des interdits et l'asservissement à l'immédiateté. Comme pour l'adulte, mais avec une intensité décuplée, la technologie est à la fois facteur de liberté et d'isolement.

Cette société en crise de liens produit par elle-même de la violence dont elle se scandalise lors de nouvelles formes de manifestations de celle-ci, un comble de perfidie.

Les invariants constitutifs de toute société doivent rapidement évoluer.

Ainsi à l'école républicaine, sanctuaire de la transmission des connaissances, doit succéder une institution qui, en outre, doit apporter des repères éducatifs, civiques, sociaux pour bon nombre de jeunes. Vaste programme.

Qu'en est-il de la famille, fondement de la vie en société ? Complexe, fragile, changeante, en cours de mutation, même si, comme l'écrit François de Singly [1] « elle est un espace où chacun se sent protégé pour se construire et deve­nir lui-même », cette famille est devenue « famille réseau et trajectoire ». Elle se crée autour de l'enfant qui, en cas de divorce, circule entre divers foyers. Elle change à une vitesse folle : « en peu de temps on gagne une belle mère ou un beau fils », Sylvie Cadolle [2]. Comment s'exerce alors la parentalité ?

Et pourtant, cette famille est de plus en plus sollicitée comme espace de solidarité, de sécurité, refuge. Est-elle suffisamment réactive pour répondre aux besoins élémentaires d'une jeunesse qui a beaucoup de mal à prendre sa place dans la chaîne des générations, ne parvenant pas à s'autonomiser financièrement par le travail, le logement, l'accès aux soins, etc. ?

Ces besoins élémentaires, auxquels correspondent, en fait, des droits de tout citoyen, ont un caractère particulier lié à l'état de « jeunesse » qui représente la période difficile du passage de l'enfance à l'âge adulte.

Souvent, le jeune est seul à faire face à cette réalité. Il est confronté à l'incertitude des modèles professionnels, familiaux. Le chemin n'est plus tracé, il doit construire lui-même son devenir, son projet de vie, avec la force et l'en­vie de grandir.

Plusieurs routes s'entrecroisent.

Tout seul, le jeune ne sait pas laquelle prendre. Il doit rencontrer des modèles d'identification, des « passeurs adultes », des aiguilleurs qui vont pouvoir lui transmettre le sens de la vie, des points de repères pour lui permettre de pro­gresser, d'exister sans passer à l'acte contre d'autres (biens ou personnes) ou contre lui-même.

Les relations avec les pairs ne suffisent pas, le jeune a aussi besoin à cette période de retrouver son histoire personnelle et familiale, de renouer avec son héritage afin d'assurer la continuité et de se sentir appartenir à une lignée.

Les adultes familiaux et professionnels se doivent d'être disponibles et présents auprès des jeunes, aider à relativiser, à dépasser les situations où se mêlent inextricablement principe de plaisir et principe de réalité.

Les jeunes ont soif d'amour, de reconnaissance comme sujet en devenir. Ils attendent la construction de l'autonomie et du projet de vie.

Les intervenants (sociologues, médecins, psychologue, travailleurs sociaux) qui ont apporté leur contribution à la réalisation de ce numéro sont tous au quotidien en prise directe avec des « Jeunes », recherchant et proposant des réponses innovantes, des expérimentations pour une prise en compte adap­tée des problèmes rencontrés.

La parution d'un numéro double consacré aux « Jeunes » témoigne de l'engagement de l'A.N.A.S. dans les grandes questions d'actualité sociale pour lesquelles l'association constitue un interlocuteur de référence, incontour­nable, apportant sa connaissance des problèmes dans des partenariats diversifiés [3] ou dans des groupes de travail institués [4] tant au niveau européen que mondial.

L'acuité de la question des « Jeunes » s'avère d'emblée mondiale. Mais commençons par examiner la situation française et :
- n'oublions pas comme l'ont montré les travaux de l'ODAS, que c'est le public « Jeunes » qui s'est imposé comme le public prioritaire des politiques municipales [5]
- guettons la prochaine sortie des conclusions de la Commission « Jeunes et politiques publiques » chargée par le Commissariat au Plan de faire des propositions opérationnelles [6] pour initier des transformations de société en profondeur (ex : logique des emplois jeunes),
- rappelons-nous enfin que l'Observatoire de la Pauvreté créé en janvier 2000 a choisi de focaliser prioritairement ses travaux sur les « Jeunes en errance ».
 
[1] François de Singly, directeur du centre de recherches en sociologie de la famille, Paris I Sorbonne.
[2] Sylvie Cadolle, philosophe.
[3] FNARS, ANCE, Mouvement Education et Société, AFIREM, ODAS entre autres ...
[4] CSTS, DAS.
[5] Les Maires et le lien social, ODAS édition, 1998, JAS, janvier 2000, p. 30-31.
[6] ASH, n°2152, 4 février 2000, p. 33.

Vendredi 15 Septembre 2000

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