La mort annoncé du SSAE

un communiqué du syndicat SUD transmis aux partenaires


"Notre déontologie de travailleurs sociaux, c’est-à-dire le respect de la personne et de sa demande, est-elle « soluble » dans le contrat d’intégration ? La vision globalisante des difficultés éventuelles des nouveaux arrivants ne nous apparaît pas adaptée aux potentialités des individus..."



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BREF HISTORIQUE :

Le Service Social d’Aide aux Emigrants (SSAE) est une Association loi 1901, créée en 1924, reconnue d’utilité publique. Elle gère un service social spécialisé, qui assure par convention avec l’Etat une mission de service public, auprès de toute population migrante quel que soit son statut : demandeurs d’asile, réfugiés, familles rejoignantes, mineurs isolés, déboutés.

Le SSAE est également la branche française du Service Social International.

Il emploie 420 salarié(e)s, essentiellement assistants sociaux et secrétaires.

Son financement a toujours été assuré de façon globale par l’Etat (Ministère des Affaires Sociales – Direction de la Population et des Migrations). Celui-ci refuse de continuer à le faire à partir de 2004.

DECISION GOUVERNEMENTALE :

Le gouvernement a annoncé la création de l’Agence Française d’Accueil des Migrations Internationales (AFAMI). Les personnels du SSAE et de l’OMI (Office des Migrations Internationales) seront intégrés dans cette agence.

La création d’une telle agence dans un contexte défavorable aux étrangers, une répression de plus en plus massive (voir les charters hebdomadaires) sera pour l’Etat un moyen supplémentaire de contrôle des flux migratoires et d’encadrement de l’intégration.

Par ailleurs, cette agence serait financée en partie sur les actuels crédits d’intervention de l’Etat, jusqu’à présent destinés à financer les actions d’intégration de différentes associations et en partie sur les différentes taxes demandées aux étrangers (carte de séjour, regroupement familial, …).





CONSEQUENCES POUR LE SSAE ET SON PUBLIC :

Les salarié(e)s s’inquiètent de la place du service social dans cette agence et de l’avenir de leur emploi et de leur statut.

Que vont devenir les missions du service social spécialisé ? Ainsi, nous nous interrogeons sur l’accompagnement de certains publics : demandeurs d’asile et réfugiés, mineurs isolés, personnes en situation précaire ou de passage, public ayant besoin d’un accompagnement social spécifique (information socio-juridique, mise en relation avec les services susceptibles de prendre en charge leurs besoins, insertion dans l’environnement, …). De même, nous nous inquiétons du risque de disparition de certaines orientations de travail : actions collectives dans les quartiers ou avec les partenaires, action sociale internationale, information, formation et soutien technique auprès des partenaires dans l’intérêt des usagers

Notre déontologie de travailleurs sociaux, c’est-à-dire le respect de la personne et de sa demande, est-elle « soluble » dans le contrat d’intégration ? La vision globalisante des difficultés éventuelles des nouveaux arrivants ne nous apparaît pas adaptée aux potentialités des individus.

Le service social ne peut pas se transformer en contrôleur du suivi d’un contrat, qui aboutira éventuellement au refus d’une carte de résident.

Nous refusons la « marche forcée vers l’intégration » des populations étrangères.

Avec la mort du SSAE, c’est un lieu d’accueil, d’écoute et de soutien spécifique qui disparaît.

Nous craignons vivement que cette intégration dans une grosse structure administrative se traduise par, un appauvrissement du service rendu à l’usager par les équipes sociales, l’enfermement dans des tâches administrativement définies, l’exclusion de toute une partie de ses usagers (travail en amont des procédures) et de son champ d’intervention internationale.


Dans la négociation que nous aurons à mener avec les pouvoirs publics et au sein de l’Agence, il serait on ne peut plus souhaitable que le poids du social soit comparable à celui de l’administratif.

A cette fin, votre soutien peut nous être précieux pour peser sur le volet social de cette nouvelle agence.

Pour se faire, vous pouvez adresser une motion de soutien au bureau départemental du SSAE. Nous communiquerons ces manifestations de soutien au syndicat et à la Direction.

Vous pouvez aussi adresser un fax à Monsieur GAEREMYNCK – Directeur de la Population et des Migrations, 10-16 rue Brancion – 75015 Paris. Fax n° 01.40.56.50.42

Jeudi 29 Mai 2003

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