Où va le métier d'éducateur?


Revue l'Observatoire numéro 117



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S’il est bien un métier au cœur du social, c’est celui d’éducateur. Ancré dans le quotidien des personnes, il est celui qui leur tend véritablement la main pour les aider à restaurer leur confiance en elles-mêmes, en autrui et en l’avenir. L’éducateur dispose pour cela d’une large variété de compétences et de savoir-être, mais est aussi capable de s’adapter aux situations diverses et au rythme de chacun. Un métier riche et complexe, qui souffre pourtant encore aujourd’hui d’un manque de reconnaissance…

Editorial

Un caméléon pour représenter le métier d’éducateur... Drôle d’idée, s’étonneront sans doute certains, mais gageons que les professionnels concernés ne prendront pas la mouche. Parce que l’on connaît leur sens de l’humour, qu’ils mobilisent d’ailleurs volontiers dans leurs pratiques, mais aussi parce que cette métaphore permet de relever ici plusieurs des qualités essentielles qui caractérisent ce métier aux multiples facettes. 

Tout d’abord, l’éducateur a de grandes capacités d’adaptation. Il peut accompagner des publics divers (enfants, ados, adultes, personnes âgées, handicapées, sans-abri, avec des problèmes de santé mentale, précarisées...) individuellement et/ou collectivement, travailler dans des environnements et cadres variés (structure résidentielle ou de jour, domicile, quartier, rue, etc.), endosser une multitude de rôles...

Comme le caméléon, il est également un observateur hors pair. Il peut capter ce qui se révèle dans l’apparente banalité du quotidien, mais aussi élargir son champ de vision à 360 degrés pour nourrir et moduler son analyse. Il peut faire preuve de patience, de vigilance, de constance dans son accompagnement, qualités qui aident à la construction du lien de confiance et à la restauration chez les bénéficiaires de la sécurité intérieure, de l’estime de soi, ou de l’envie d’aller de l’avant. Mais il est aussi un professionnel qui aime tâter le terrain, le sentir, le ressentir, le vivre, être dans le mouvement, l’action. Cette proximité lui donne cette capacité à être prompt à réagir, à changer de tactique, à faire face à l’imprévu, comme à l’urgence, et à se saisir des opportunités qui se présentent pour créer la relation, le déclic, susciter le changement chez ceux qu’il accompagne.

La palette de couleurs dont le caméléon peut se parer peut enfin évoquer la grande variété de « styles » ou d’interprétations possibles pour exercer ce métier. En effet, au-delà des savoir-faire et des techniques, celui-ci exige, peut-être plus que toute autre profession du social, une bonne dose de savoir-être. Acquis à travers la formation et l’expérience professionnelle, ceux-ci se teintent aussi du vécu et de la personnalité propres à chacun.

Cependant, ces particularités rendent parfois ce métier difficile à saisir, à décrire, à circonscrire. C’est l’un des facteurs qui peuvent expliquer le manque de reconnaissance dont il fait encore l’objet aujourd’hui, alors même qu’il a pris place dans un nombre croissant de secteurs au cours des dernières décennies. Comme nous avons pu le constater, ce déficit de reconnaissance, qui s’exprime à différents niveaux (politico-juridique, institutionnel, interprofessionnel…), demeure une préoccupation centrale pour les éducateurs et leurs formateurs. Ce numéro s’en fait dès lors naturellement l’écho, mais vise surtout à participer à la mise en lumière de la richesse et de la complexité de cet « art de l’ordinaire1 » qu’est le métier d’éducateur…

Romain Lecomte & Justine Aerts
1. PUAUD David, « L’« Art de l’ordinaire » des travailleurs sociaux au coeur de la relation de confiance », L’Observatoire, n°94, 2017, pp. 11-15.

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Jeudi 1 Février 2024

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