Ecrire le social

Ainsi, ces questionnements, même issus d’environnements divers, révèlent des convergences, actuelles, significatives et fertiles.

Dans de nombreux contextes à travers le monde, le Travail social est « empêché », par des conditions-cadres défavorables (diminution des ressources, déprofessionnalisation, pressions gestionnaires, crises, etc.) qui affectent plus fortement les groupes sociaux les plus vulnérables. Pour garantir ses missions et assurer ses prestations, il est contraint de se transformer, produisant de nouvelles formes d’intervention ou de politiques publiques ; il incite à l’adaptation organisationnelle et fait évoluer les rapports entre professionnel-le-s et clientèles... il devient ferment d’innovation sociale quand il conserve et articule les trois perspectives fondatrices du Travail social (micro, macro et méso) telles que défendues, depuis longtemps, notamment dans les diverses approches intégrées et structurelles du travail social (Auclair, 1987) : conserver une perspective systémique dans l’analyse et les modes de résolution de problématiques - vues comme - individuelles, travailler sur les causes structurelles des inégalités, rester un moteur de transformations politiques et organisationnelles ou encore intégrer les connaissances produites pour infléchir les politiques publiques...

Même si elle est constitutive du Travail social, mais reste l’objet de questionnements, la participation, individuelle et collective, se développe plus structurellement, se concrétise de plus en plus, dans les politiques institutionnelles, dans des formes d’interventions, dans les formations. Malgré les défis posés, de nombreux organismes revoient la place des clientèles et favorisent leur implication (Reynaud, 2025).

La recherche aussi se soucie d’associer l’ensemble des acteurs du Travail social, d’hybrider les savoirs et d’inclure les savoirs d’expérience, autant pour favoriser la justice épistémique que pour améliorer la qualité des processus scientifiques ; cette participation des acteurs concernés contribue à infléchir les rapports de pouvoir (chercher devient un acte partagé au sein de communautés de recherche) et pour certains, à consolider leur pouvoir de se/penser, d’agir et leur légitimité peu reconnue.

Des articulations protéiformes de la recherche et de l’action sont développées dans de nombreux contextes, au travers de recherches-actions, de recherches collaboratives ou de recherches usagères coopératives (Heijboer, 2017) qui sont de mieux en mieux connues, documentées et valorisées.

Vont-elles peu à peu questionner l’autonomie disciplinaire du Travail social, thème en discussion permanente et différente selon les contextes (Colombo, 2024) ? Ces productions endogènes de connaissances sauront-elles contribuer à établir des formes de disciplinarisation (Rullac, 2016) du Travail social et soutenir une évolution renouvelée de certaines formations en Travail social et l’émergence de figures professionnelles spécifiques ?

Ces convergences, parmi d’autres, donnent à voir une certaine actualité du Travail social dans quelques parties du monde ; c’est la prise de parole engagée d’auteur-e-s qui les ouvre pour nous, comme des fenêtres, ramenant ce souffle de vent venu d’ailleurs !"

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