Le Service social d'aide aux émigrants menacé de disparition

Communiqué


Il faut soutenir et défendre l’existence d’un véritable service social pour les émigrants et la population étrangère qui réside en France.



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Les nouvelles dispositions prise à l’égard de la population étrangère qui désire vivre en France se sont traduites par la création d’un dispositif visant plus à contrôler les flux migratoires qu’à aider et à soutenir. Ainsi Le 10 avril 2003, le gouvernement a décidé la création d’une Agence Nationale d’Accueil et d’Intégration des population, agence dont l’ objectif principal est d’accueillir les étrangers en situation régulière. Il est ainsi demandé par les pouvoirs publics de faire signer au plus grand nombre d’émigrants un contrat d’accueil et d’intégration, dont l’expérimentation a été lancée en juillet 2003. Dans cette perspective des informations nous indiquent une disparition programmée du Service Social d’Aide aux Emigrants (Ssaé) qui serait intégré (absorbé) par l’Office des migrations Internationales (O.M.I.). Or L'activité de l'OMI est exclusivement ou presque centrée sur la gestion des flux migratoires de l'accueil des étrangers et de leur famille. Elle n’intègre pas la dimension d’aide aux populations étrangères ni leur accompagnement social et encore moins leur protection (protection de l’enfance, des mères et personnes fragiles etc...).

Si ce besoin de réguler et d’aider à l’intégration de la population qui désire vivre en France est une nécessité reconnue par tous, nous ne pouvons pas accepter qu’en contre partie l’aide apportée par un service social spécialisé à l’ensemble de la population étrangère vivant en France soit abandonnée.

Ainsi nous tenons à rappeler la nécessité de maintenir et de développer le Service Social d’aide aux Emigrants. Les origines de ce service (Ssaé) remontent à la création, en 1924, d’un réseau international de service social pour aider les familles en difficultés dans leur projet migratoire. Déclaré en tant qu’association en 1926, le Ssaé fut reconnu d’utilité publique en 1932. la mission première de l’association reconnue d’utilité publique est entre autres la protection des femmes et des enfants migrant isolément, de servir de lien entre l’émigrant et les œuvres d’assistance spirituelle et matérielle dont il peut avoir besoin, dans l’effort nettement respectueux des convictions religieuses de chacun" (Art. 1 des statuts).

Le Ssaé est la branche française du Service Social International (SSI). On ne peut brader et supprimer au nom d’une politique conjoncturelle un service social dont l’existence même relève des valeurs des droits de l’homme au sens le plus noble du terme. C’est à l’honneur d’un pays de disposer d’un tel service. Rappelons que selon ses statuts, le Ssaé a comme première règle « le respect de la dignité des personnes, la tolérance, la reconnaissance de la diversité des cultures et des identités, l'acceptation de l'autre. Ce service social agit pour le droit de vivre en famille. Il intervient pour le respect du droit d'asile et du devoir d'accueil des réfugiés. Il assume une fonction de vigilance face aux dérives xénophobes et à toutes formes de discrimination. » Il est un outil irremplaçable qui témoigne de la volonté d’un Etat de respecter les règles de Droit reconnues par la communauté internationale.

C’est pourquoi, il est nécessaire de permettre au Ssaé de continuer à assumer ses missions en lui apportant les moyens financiers pour le faire En outre Les méthodologies d’intervention de ce service doivent être respectées notamment en permettant aux professionnels d’agir dans la globalité des situations rencontrées quelle que soit la situation administrative des personnes aidées. Celles-ci par les conventions internationales restent des sujets de droit.

Si le SSAE disparaît c’est toute une partie du service social et de son histoire qui est abandonnée et jetée aux oubliettes. Nous demandons aux pouvoirs publics de reconnaître au Ssaé non seulement son utilité mais aussi sa nécessité afin de répondre aux besoins de la population la plus exclue qui soit dans notre pays. Il est de notre devoir de solidarité et d’humanité de permettre à la population étrangère de recevoir de notre communauté nationale toute l’attention et la considération qu’elle mérite.

ANAS le 13/12/03

Mercredi 17 Décembre 2003

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