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Le travail en réseau fait partie de l’ADN de l’intervention sociale. Il a toujours existé, sous différentes formes, appellations, ou sans qu’il ne soit spécifiquement nommé. Habituellement, on distingue trois types de réseau. Ceux qui se développent autour de problématiques transversales et de partage de bonnes pratiques. Ceux qui ont pour objectif la mise en place de projets ou d’actions communes. Ceux qui se construisent autour et avec l’usager. C’est à ces derniers que nous nous intéresserons particulièrement dans ce dossier. Faire réseau peut s’avérer très utile dans les cas de détresses multiples où l’usager se trouve à l’intersection de plusieurs secteurs et domaines de compétences. À certaines conditions, il permet de mettre fin aux jeux de ping-pong, aux ballottements entre structures, à la discontinuité des soins, au manque de fil rouge dans les prises en charge qui se succèdent sans s’articuler. Surtout, en replaçant l’usager au centre de ses préoccupations, le réseau lui redonne du pouvoir d’agir, il cherche à entendre sa voix, son point de vue, valorise ses ressources comme son propre réseau. Pour les professionnels, cette mise en commun est également bénéfique, car elle favorise la créativité, la remise en question, l’amélioration des pratiques, tout en prévenant l’épuisement professionnel dû au sentiment d’impuissance ou à la responsabilité de porter seuls des accompagnements qui dépassent leur zone de compétences ou les placent constamment en échec. Cependant, l’art du maillage reste délicat et tous les réseaux n’atteignent pas ces résultats. Pour commencer, il faut des disponibilités pour se voir, des capacités à s’entendre, à créer de la convergence, mais aussi des règles pour fonctionner, communiquer, assurer le respect de chaque partie et de l’usager en premier. Pour éviter de perdre son temps, il ne faut pas non plus en faire la panacée. à force d’être vu comme une évidence, le travail en réseau peut en effet par moments tourner en rond, créer des habitudes, tomber dans un des nombreux pièges possibles : la dilution de la responsabilité, le brouillage des rôles, le bricolage de solutions provisoires, le manque d’articulation, le développement d’une forme d’omniscience sur tous les pans de la vie de l’usager au détriment de sa vie privée et de son intimité, ... Les services concernés par un ou plusieurs réseaux doivent sans cesse se questionner sur la plus-value de ces systèmes concertatifs. Mais s’ils veillent à exercer collectivement une certaine vigilance, faire réseau peut être une expérience sociale riche et éminemment humaine.
Colette Leclercq & Justine Aerts













