Engager ses émotions dans la relation d’aide - Alexandrine Laizeau Catherine Galopin Cristina De Robertis (Préface)


Octobre 2020



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Présentation de l'ouvrage issue du site de l'éditeur : 

" Un regard nouveau sur l’intervention des travailleurs sociaux
À partir de l’analyse d’exemples de leur propre pratique et celle d’autres collègues assistants de service social, les auteures cherchent à démêler les paradoxes et contradictions des émotions qui accompagnent et guident leur action. Cette approche originale part des ressentis du professionnel. Ils constituent un véritable outil de compréhension et d’intervention.

La force des émotions dans la pratique professionnelle
Qu’elles soient négatives ou positives, les émotions vécues dans la relation d’aide ne s’opposent pas à une pratique de travail social rigoureuse et éprouvée. Bien au contraire, elles donnent des clés pour faire émerger un changement aussi bien du côté du professionnel que de l’usager.

Un livre engagé
Écrit par et pour des travailleurs sociaux, ce livre rappelle qu’il faut s’écouter soi-même pour mieux écouter les autres. Les professionnels retrouveront dans ces récits le quotidien de leurs difficultés et de leur désarroi face aux évolutions des institutions sociales et de la législation. Plus encore, ils y puiseront les ressources pour lutter contre les obstacles posés à leur créativité et à leur engagement.

Cet ouvrage intéressera également les étudiants, les formateurs et les cadres de l’intervention sociale."

Pour plus d'informations : site internet de l'éditeur : https://www.presses.ehesp.fr/produit/engager-emotions-relation-daide/

 

La recension de l'ouvrage par Christophe ANCHÉ :

Distance professionnelle, implication mesurée et prudence affective sont quelques poncifs autour desquels les centres de formation et les employeurs invitent les travailleurs du social à bâtir leurs pratiques professionnelles. Dans leur livre Engager ses émotions dans la relation d’aide, Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin prennent ce constat à contrepied. Elles s’intéressent aux flots immaîtrisés de ressentis qui s’imposent aux professionnels du lien. Si elles flirtent souvent avec les abîmes autocentrés des pensées réflexives, le piège ne se referme jamais sur elles. Car chez ces collègues (adhérentes de l’ANAS), le professionnalisme dépend moins de la technicité des pratiques ou de la pertinence des compétences que de la conviction sans faille qu’une relation d’aide débute toujours par une rencontre. Elles accordent une importance primordiale à sa qualité, et soulignent qu’à leurs yeux, rencontres et émotion sont indissociables. Elles écrivent d’ailleurs : « Les émotions accrochent, et c’est cet agrippement qui donne naissance à la relation » (p. 31), ou : « L’attention portée aux émotions peut ouvrir la voie vers une meilleure application de la méthodologie » (p. 102). Au cours des 150 pages de ce livre paru aux Presses de l’EHESP, Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin attribuent la particularité des émotions dans la relation d’aide à la congruence inhérente à son développement, aux distorsions croissantes entre les besoins des populations et les politiques sociales prescriptives, à l’engagement de la responsabilité pénale des professionnels (notamment en protection de l’enfance)… Elles nous mènent sur des territoires attendus lorsqu’elles traitent d’empathie, de peur ou de colère, mais elles n’hésitent pas à s’aventurer sur des contrées moins explorées lorsqu’elles abordent des émotions aussi fortes que l’amour, le dégoût ou la félicité. Les deux autrices appliquent également au secteur social, avide d’engagement humaniste, les notions de « souffrance éthique » et de « perte de sens » chères à Christophe Dejours. Si elles ouvrent peu de perspectives à partir de cet état des lieux, peut-être parient-elles sur un sursaut qui amènerait les professionnels à réinvestir leur pouvoir d’agir grâce à la prise de conscience des émotions intolérables qui les habitent.

On pourra regretter les lourdeurs didactiques et le manque d’ampleur de l’ouvrage qui comporte davantage d’affirmations que de démonstrations. Les autrices reconnaissent elles-mêmes : « Nous n’avons rien inventé, mais nous sommes allées un peu plus loin sur des champs du travail social que nous n’avions, jusque-là, empruntés que très timidement » (p. 101). Cependant, on saluera l’audace d’éclairer la réflexion grâce à des paradigmes philosophiques rarement convoqués en travail social et à la qualité des références utilisées. Toujours bienvenues, les vignettes cliniques donnent du corps et de l’épaisseur aux argumentaires. Le livre d’Alexandrine Laizeau et Catherine Galopin capte l’attention et invite le praticien à introspecter ses actions. Les autrices nous aident à éloigner le risque d’entraîner des personnes accompagnées dans les affres d’un activisme forcené qui pourrait résulter par exemple… d’une incapacité d’accueillir nos émotions.

Mardi 22 Juin 2021

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