Association nationale des assistants de service social

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Compte rendu


le 13 décembre 2002, les ASH ( Actualités Sociales Hebdomadaires) organisaient le premier forum de recrutement du travail social Palais des congrès à Issy les Moulineaux - 92 - Notre collègue Isabelle BAIZID vous propose le compte rendu des 2 conférences : avec
1- la validation des acquis
2- l'avenir des métiers du social



Compte rendu
A/ VALIDATION DES ACQUIS DE L'EXPERIENCE : VAE

1 / DGAS : Sylvie Moreau, sous directrice de l'animation territoriale et du travail social :

La VAE est issue de la loi de modernisation sociale; la durée de l'expérience prise en compte est de 3 ans. La VAE prend en compte les expériences professionnelles et personnelles pour repérer les compétences acquises ce qui permet de délivrer un diplôme.
Au préalable il a été nécessaire de construire un référentiel des compétences procurées par les diplômes ainsi qu'un référentiel professionnel/métier ou descriptif de l'exercice professionnel. Actuellement , le référentiel est un référentiel de matières ou la manière d'acquérir une ou plusieurs compétences par un cursus de formation diplômant.

Le circuit de la demande de validation des acquis :

- s'adresser à l'autorité qui délivre le diplôme (DRASS, chambre de commerce..) et justifier de 3 ans d'expérience en lien avec le diplôme et sur présentation de preuves : un dossier est remis à l'intéressé.

Une des difficultés a été de traiter l'expérience bénévole.

- si le dossier est recevable : élaboration des preuves de la compétence à partir du dossier fourni;

- un congé de 24 heures est accordé pour validation des acquis et avec un accompagnement qui est facultatif ;

- dossier déposé auprès de l'autorité compétente : au vu du dossier et à l'issue de l'entretien obligatoire avec le jury pour les métiers du social, le jury délibère.

Il donne tout ou partie des compétences acquises ; si il manque des compétences le candidat a 5 ans pour apporter la preuve de l'acquisition des compétences manquantes.

Le champ du maintien à domicile a été le 1er à expérimenter la validation des acquis pour le DEAVS - diplôme d'état d'auxiliaire de vie sociale, diplôme de niveau V - 11 compétences ont été repérées ce qui a permis de définir 11 modules.

Le second champ est celui des établissements et le diplôme concerné par la VAE est celui d'éducateur spécialisé. Le travail a été d'établir un référentiel métier prenant en compte les différents lieux d'exercice de la fonction ( AFORTS - association française des organismes de formation et de recherche en travail social ). 16 compétences ont été repérées et 16 modules définis. L'ouverture de la VAE pour le DEES démarre en 2003.
Une procédure d'évaluation est prévue car la VAE sera étendue au DE d'éducateur technique spécialisé et d'assistant de service social. En ce qui concerne le DEAS le référentiel métier est terminé. Le référentiel est la base de la VAE.

2/ ADMR : Mme Chantal Meyer directrice de l'union nationale des ADMR - association d'aide au maintien à domicile - :

Le champ de l'aide à domicile a été le premier champ d'expérimentation de la procédure de la VAE pour le DEAVS.
Le dossier est un dossier de 40 pages : 1er constat les salariés ne sont pas des professionnels rompus à l'exercice de l'expression de leurs compétences par écrit et par oral ; ceci n'a jamais été mis en œuvre par la voie de la formation.

7 régions ont participé à l'expérimentation et 120 candidates au départ et 112 sont allées au bout de la démarche.

choix des salariés : 7% avait l'équivalence possible, salariés en cours d'emploi dans l'aide à domicile, 3 années d'expérience dans les 10 dernières années ( la loi prévoit 3 années en continue, l'expérimentation a assoupli en prenant en compte les 10 ans) ou 3000 heures d'intervention auprès de différents publics.

accompagnement à la VAE : il a été obligatoire dans le cadre de l'expérimentation et confié à des centres de formation ( 24 ) chargés de la formation dans le cadre du maintien à domicile - 17 heures par salarié candidat - le formateur doit aider au repérage, à la formalisation écrite et orale des compétences du candidat. La formation DEAVS est de 1040 heures , stages inclus ;

jury : la DRASS est compétente ; 7 jurys ont été concernés. Parmi les 112 salariés qui sont allés au bout de la démarche 64% ont obtenu la validation de 6 compétences/modules sur 11 et 25% la totalité.

bilan de l'expérimentation :

- par rapport aux candidats : les personnes se sont senties revalorisées; la démarche formative s'est accompagnée d'une démarche qualitative (les personnes ont pris conscience de leurs compétences et ont modifié, accentué leurs pratiques en terme de professionnalisme). La crainte de la formation a disparu.

- par rapport aux jurys et organismes de formation : ils ont du se situer différemment car ils ont eu à se prononcer sur une validation d'acquis et non plus la délivrance d'un diplôme.

projet : extension de la VAE au champ du maintien à domicile ; l'employeur devra élaborer un parcours individualisé de formation pour toute personne non qualifiée et l'orientée vers la VAE.

Le CAFAD (400h de formation) se transforme en DEAVS (1040h de formation).

L'extension de la VAE est prévue pour les TISF.

3/ Didier Tronche, directeur du SNASEA - syndicat national au service des associations du secteur social et médico-social - :

dans les 10 années qui viennent 50 à 70 % de la profession d'éducateurs spécialisés - ES - est à renouveler. Les enjeux de la VAE pour ce DEES ( et d'autres à venir ) n'est pas de gérer la pénurie mais bien d'exercer une certaine vigilance sur cette procédure afin d'éviter la dévalorisation des diplômes. Il a fallu définir un référentiel afin qu'il y ait une corrélation acquise entre l'expérience et la formation initiale. PROMOFAF a participé à cette élaboration. 16 compétences ont été identifiées et ont été déclinées en 4 grandes fonctions :

- compétence de diagnostic

- compétence de prise en charge de projet individuel

- compétence de travail en équipe

- compétence de travail au sein d'un projet institutionnel

3 années cumulées (continues et nombres d'heures : points du débat ) dans le champ d'activité visé par le diplôme (définition du champ d'activité a été également un point du débat / accès des emplois jeunes à cette VAE ). Pendant

l'expérimentation qui débutera en janvier 2003 pour le DEES la promotion des personnels qui ont 3 ans d'expérience et un diplôme de niveau IV dans la branche professionnelle sera valorisée. Un bilan de 15h et un crédit plafonné à 175h sont prévus pour consolider le dossier de VAE. Cette valorisation concerne également les salariés ayant un diplôme de niveau V et justifiant de 5 années d'expérience professionnelle.

Cette expérimentation soulève la question de la formation des jurys habitués à délibérer sur des attributions de diplômes et qui devront dans le cadre de la VAE statuer sur des compétences ; nécessité de formation des jurys portant sur les représentations des compétences attendues.
La VAE met en avant la valeur des parcours professionnels.

B/ L' AVENIR DES METIERS DU SOCIAL :

3 intervenants:

Christian Chassériaud, président de AFORTS - association française des organismes de formation et de recherche en travail social.
Christine Garcette, déléguée du CLICOSS 93 (comité de co-ordination des services sociaux ).
François Abbaléa, sociologue au sein du groupe de recherche innovations et sociétés.

1/ François ABBALEA :

on assiste à une segmentation et fragmentation du travail social qui peut se décliner par rapport à deux types de critères :

- l'usager ou la nature du problème

- résoudre ou poser le/les problèmes
Selon les critères choisis et mixés 4 familles des métiers du social sont identifiées :

- les métiers du diagnostic ou premier accueil

- les métiers de la résolution du problème type médiation , intermédiation administrative..

- les métiers de l'ingénierie type chef de projet, ingénierie

- les métiers du management
La logique de marché envahit le recrutement en travail social et ce marché du travail est donc de plus en plus ouvert et basé sur les compétences ; la logique statuaire cohabite néanmoins toujours avec la logique de marché. La logique de la compétence entraîne une précarisation des statuts dans les nouveaux métiers du social et une individualisation de la gestion de carrière.

Des points forts se dégagent :

- la déprofessionalisation

- l'expertise qui se détache du terrain

- la logique de marché ouvert

2/ Christian CHASSERIAUD :

13 métiers sociaux répertoriés et
classés en 4 grandes familles :
- les métiers de l'éducatif
- les métiers de la famille
- les métiers de l'animation
- les métiers de l'encadrement ( DESS, CAFDES, DEA )

L'évolution du contexte confronté à :
- l'élargissement de l'Union Européenne
- l'exclusion en France
- les salariés pauvres

Le travail social est interpellé par la fracture sociale et le politique. L'histoire et les valeurs du travail social sont mises à mal et nécessitent un re-positionnement du travail social.

QUELLE EST LA FONCTION DU TRAVAIL SOCIAL AUJOURD'HUI ET QUELS SONT LES ENJEUX LIES AUX FORMATIONS ?

Les métiers du social ont tous comme dénominateur commun d'être des métiers sur autrui et sont actuellement dans l'impasse.
Quelle perspective pour le travail social quand il n'existe aucune garantie du service rendu pour la population traitée?

Les métiers du social sont confrontés à la souffrance d'autrui. Quels sont les modèles d'intégration portés par le travail social ?

Une révolution culturelle est l'enjeu majeur des politiques sociales (mais aussi des formations) : passer d'un traitement social basé sur le problème de la personne à un traitement basé sur le potentiel de la personne.

La vision de l'homme est prise en compte par le travail social : c'est une réponse à des besoins matériels et relationnels. Elle met en cause la représentation des publics par les multiples acteurs.

La représentation des acteurs interroge :

- sur le rôle de l'état qui est absent du pilotage du dispositif de formation ;

- sur le futur rôle des régions dans la formation des travailleurs sociaux ;

- comment la démarche de V.A.E. va-t-elle s'articuler avec ce que sont ces métiers ?

- les besoins et pénurie des professionnels ont été chiffrés ; arrive en première position : les assistantes maternelles, en dix neuvième position les métiers du social ;

- quel va être le lien avec la réforme universitaire alignant les cursus en
3-5-8 ?

3/ Christine GARCETTE :

La crise du travail social est accélérée par la déprofessionalisation des métiers; toute crise présente des risques et des opportunités; quel avenir pour les usagers et pour les professionnels ?

Il y a des disparités régionales ; les annonces de recrutement sont basées sur des qualités – comment sont elles évaluées lors des entretiens d'embauche ? – les intervenants sociaux sont diplômés ou non.

La crise rend visible ce qui existe déjà et accélère les processus de dé- professionnalisation auxquels se rajoutent les effets de la pyramide des âges, de la RTT..

La DGAS a chiffré pour la période 2001/2005 une baisse de 150 000 éducateurs et de 600 assistants sociaux ; de plus cette année les candidatures lors du recrutement dans les écoles ont chuté de 40%.
Les professionnels ne défendent pas leurs métiers et pourtant l'avenir dépend d'eux.

La crise du recrutement génère :

- danger : risque pour l'usager

- opportunité : enrichissement du travail social par de nouvelles compétences, une re-définition des politiques sociales.

4/ DEBAT AVEC LA SALLE :

Quelques points forts.

Orientation vers de la prestation de service, de la marchandisation du social sous l'impact de la globalisation : le modèle de gestion libérale intègre le social.

Le travail social est défini par tache alors que les travailleurs sociaux ont une approche globale.
Les professionnels doivent réaffirmer leurs compétences après 10 ans de dévalorisation. Toutes les qualifications de niveau III sont mises à mal par cette évolution.

IL est souhaitable voire nécessaire de ré-interroger l'éthique : quelles sont les valeurs communes, les enjeux ? Le fondement de l'éthique est l'existence de l'autre, la reconnaissance de l'altérité du sujet.

Mercredi 19 Février 2003




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