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Chers collègues,
Assistante sociale en établissement de santé dans l'Oise, je ressens le besoin aujourd'hui de partager avec mes pairs ce que je vis depuis quelques semaines.


J’ai pris conscience que la crise était là lorsqu’une collègue infirmière dans un autre établissement que le mien m'a envoyé un message « on a déclenché le plan blanc, c'est difficile ». Succinct, loin et proche à la fois mais surtout, nous avons la même patientèle, je comprenais que c'était une question d'heures avant que l'on soit impactés.

Je continue mon travail d'assistante sociale… les premiers entretiens avec des familles et des patients résidant le premier cluster de France. Les premières mesures d'isolement, et surtout le sentiment que ces personnes me livrent d'être « des pestiférées ». C'est dur à entendre à cette échelle mais il faut que je l’accompagne. La moindre démarche est compliquée, personne ne veut plus se rendre dans cette zone, la continuité de la prise en charge ne s’assure plus. Et, je reçois surtout la détresse de ces personnes dont la vie est mise en suspens parce qu'elles habitent au mauvais endroit. Une d'elles a, à priori un symptôme : je suis confinée à mon tour, stressée pour ma famille que j’embarque malgré moi dans cette drôle d'aventure. 

Je pense à mes collègues assistants sociaux, j'envoie un message. Les retours font du bien, ils me remobilisent, on partage sur les mesures mises en place ici et là et, une question se pose : "sommes-nous indispensables ?"
Au premier abord, je me dis que non, comme toute la société à peu près. Et puis, les visites sont interdites à nos patients, les sorties sont freinées. C'est un tournant. Je pense que je vais passer mes journées à regarder les aiguilles de l'horloge tourner (à peu près). Mais, le téléphone se met rapidement à sonner, sans cesse. Les familles ont besoin d'être rassurées, passant d'une résolution à l'autre au fil des événements. Elles trouvent en nous l’oreille attentive. Je me vide de recevoir tout cela mais je comprends que notre profession est en fait en première ligne. Les patients veulent sortir puis finalement préfèrent rester et les services d’aides font face à la même crise que nous. C'est la galère ! Je me remplis de tout ce que me disent les patients et leur entourage et je donne, tout ce que je peux.

Les soignants arrivent à s'organiser, ils font l'objet de toute l’attention. Lorsque l'on nous demande de nous préparer à vider les lits pour faire de la place aux patients les plus nécessiteux, je prends pleinement conscience que les assistants sociaux hospitaliers sont oubliés dans cette crise. Personne ne réalise que nous allons travailler dans une situation tout à fait invraisemblable. Ancienne auxiliaire de vie, j'avais dès le départ en arrière-pensée que je prêterais main forte à mes collègues pour les soins d'hygiène et de nursing. A vrai dire, je n'avais pas envisagé que j'allais avoir moi-même besoin d'être aidée dans l'exercice de mes missions, sans considération. Beaucoup de dilemmes se posent, je participe aux listing des patients espérant des décisions les plus justes possibles. Je reste convaincue de ce pourquoi j'ai choisi mon métier, en connaissance de cause. Après 15 années d'exercice, je n'ai jamais autant compris pourquoi nous avons un numéro ADELI… J'entends les théories du complot, l'euphorie que le système soit en branle: « on va rigoler ». Je ne juge pas, j’accompagne, sans relâche.

Je discute avec mes collègues soignants et je comprends que l'on ne vit pas la même réalité mais la même difficulté. La question de la charge mentale n'a jamais été aussi palpable pour moi, je refuse d'abandonner ma tâche et de voir sortir les patients dans de mauvaises conditions et en même temps, je m'adapte au fil des informations, des décisions… Et là, je  comprends combien la confraternité est une valeur essentielle à mon métier.

Merci aux collègues assistants sociaux qui partagent leurs oreilles attentives et bon courage à tous ceux qui sont impactés de près ou de loin par cette crise sanitaire.
 
Confraternellement, 

CC

Le Dimanche 15 Mars 2020 | Commentaires (0)

Une personne âgée de 62 ans en attente d'une admission en EHPAD devait y être accueillie aujourd'hui.
Le (la) responsable de l'établissement annule finalement l'entrée.
Le motif serait l'âge de la personne. Il (elle) argumente que la dérogation d'âge serait depuis peu nécessaire pour les personnes âgées de moins de 65 ans.
Avez- vous des retours d'expériences à partager sur ce sujet et/ ou des informations complémentaires?



Le Jeudi 4 Octobre 2018 | Commentaires (1)




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