[Tribune] Vous avez dit attractivité ?


Tribune de Joran LE GALL, Assistant de service social hospitalier dans un établissement de Seine-Saint-Denis et Président de l'ANAS suite à la publication des textes relatifs à l'attribution de la prime d’attractivité territoriale au sein des établissements relevant de la fonction publique hospitalière de Paris et de la petite couronne. Sans possibilité de vivre dignement de leur travail, les assistants de service social désertent l'hôpital.

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Le montant de la prime d'activité qui m'est personnellement estimé pour février 2020
La prime d’attractivité territoriale destinée à certain·e·s professionnel·le·s franciliens qui exercent à l'hôpital, dont les textes sont publiés ces jours-ci, ne concerne pas les assistant·e·s de service social des établissements hospitaliers. Destinée, selon la Ministre Agnès Buzyn, à « reconnaître tout un tas d'engagements des soignants », les primes contenues dans le plan hôpital évitent soigneusement toute reconnaissance de ceux des assistant·e·s de service social au sein des établissements de santé ainsi que de nombreux·ses autres professionnel·le·s tout aussi engagé·e·s.


Soignant·e·s oublié·e·s du soin, les assistant·e·s de service social hospitalier·ère·s ne bénéficient pas non plus des mesures du protocole « Parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR) réservées à leurs confrères et consœurs de la fonction publique d'État ou de la territoriale.
Pourtant, les collègues peinent à boucler leurs fins de mois et certain·e·s dorment même dans leur voiture. Autour de moi, « professionnel débutant » rime ainsi souvent avec « galère de logement ».
 


Les établissements hospitaliers peinent à recruter comme en témoigne leur sur-représentation dans les annonces parues sur le site de l'ANAS ainsi que le nombre d'annonces les concernant publiées sur le site de la Fédération Hospitalière de France.

De plus, les carrières dans les institutions publiques et plus largement dans l'ensemble des organisations chargées de missions de service public, sommées de se réorganiser sans cesse face à la contradiction insurmontable d'une réduction des dépenses dans une dynamique d'augmentation d'activité, ne font plus vraiment rêver et cela commence à se savoir.

Pourtant, interrogée il y a un an à l'Assemblée Nationale par Brigitte Bourguignon quant aux réponses concrètes à apporter au manque de reconnaissance des professionnel·le·s du secteur social, la Ministre Agnès Buzyn a tenu des propos pour le moins vagues, évoquant des orientations et des engagements bien loin des réalités concrètes du terrain. Il semble donc que l'on soit très éloigné·e·s d'une compréhension par l'exécutif des enjeux pragmatiques du secteur et du besoin d'attractivité financière pour les professionnel·le·s qui y exercent :
 

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Et les effets s'en font sentir : au sein de l'établissement dans lequel j'exerce, le turn-over s'accélère depuis quelques années et les collègues ne restent guère longtemps tant le montant des salaires ne permet plus de vivre dignement. Territoire attractif, l’Île-de-France permet en effet une mobilité sécurisante vers les postes qui valorisent, en espèces ainsi qu'en qualité de vie au travail, le travail précieux de professionnel·le·s qualifié·e·s et engagé·e·s. Car si les assistant·e·s de service social hospitaliers ne bénéficient pas des mesures actuelles d'attractivité, comment les établissements de santé prétendent-ils pouvoir les recruter et les y faire rester ?

Je vois se multiplier des témoignages de collègues qui cumulent deux postes pour arriver à vivre de leur travail. Pour ma part, voilà 6 ans que j'exerce en région parisienne et malgré la prime annuelle de l'établissement qui m'est attribuée, je continue en 2020 à percevoir la prime d'activité et reste non imposable... Comme Blandine dans le reportage de France Info, sans l'aide de mes parents, je ne pourrais pas non plus travailler à l'hôpital. Cet été, faute de personnels, j'ai flirté avec l'épuisement professionnel comme nombre de mes collègues qui comblent les postes non remplacés et garantissent comme ils et elles le peuvent la réponse à la nécessaire continuité des soins. Je suis donc fatigué de boucler mes fins de mois grâce à la solidarité nationale plutôt que par la juste reconnaissance de mon travail et j'aimerais bien pouvoir enfin en vivre dignement, aujourd'hui comme en retraite... Alors un salaire décent pour les assistant·e·s de service social, c'est pour quand ?

Postface : En guise de prime d'attractivité, les assistant·e·s de service social peuvent demander à bénéficier de la prime d'activité qui elle, n'est soumise qu'à condition de ressources. Ci-dessous le montant qui m'est personnellement estimé pour février 2020, à priori ils et elles pourraient être nombreux·ses à y être éligibles.

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Dimanche 9 Février 2020

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