Cristina De Robertis - Assistantes sociales en lutte 1990-1992 le succès trente ans après !




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Ce livre évoque une période remarquable de la profession d’assistant de service social. C’est l’histoire d’une profession qui s’est levée contre le mépris et l’injustice qui lui étaient faits. En effet, son diplôme, obtenu avec trois ans d’études après le baccalauréat, a été homologué, à la demande du ministère des Affaires sociales, au niveau III du Répertoire national des certifications professionnelles. C’est à dire une reconnaissance de deux ans d’études après le baccalauréat.

Les professionnels ont su pendant trois ans mener une mobilisation exemplaire, multiforme, inventive, tant au niveau local que national, tantôt dans la négociation, tantôt dans l’affrontement et les actions d’éclat. À l’époque, ils n’ont rien obtenu, ou si peu... Une défaite annoncée ?

Leurs revendications ne seront exaucées que trente ans après : reconnaissance du diplôme niveau II (licence), accès au cadre A de la fonction publique... La génération suivante a récolté́ les fruits de cet épisode si important, mais, paradoxalement, elle ne garde guère la trace de cette lutte car la déception et l’amertume en ont effacé le souvenir.

Le message que ce livre souhaite transmettre est que la reconnaissance du diplôme au niveau II, trente ans après, n’a pas été octroyée, mais bien conquise de haute lutte par une profession déterminée, mobilisée par une visée juste qui allait dans le sens de l’histoire.

Recherche historique effectuée dans le cadre du Groupe de recherche en histoire du service social (GREHSS).

Préface : Joran LE GALL
Postface : Henri PASCAL
ISBN : 978-2-491063-21-4 
Publics : Praticiens – formateurs – étudiants en travail social
Type de texte : Monographie
Domaine : Assistant De Service Social, Service Social, ANAS, Approche Historique, Statut, Déontologie, Valeur, Mouvement Social, DEASS
Nombre de pages : 232 ; Format 14 x 21 cm 
Parution octobre 2021

Présentation de l'ouvrage et bon de commande



Les premières pages


Vu dans la presse :







Recensions :

La recension de Christophe Anché :
En revenant dans un nouveau livre sur les demandes de reconnaissance portées par les assistantes sociales au début des années 1990, Cristina De Robertis sort du sentier battu de son incontournable livre Méthodologie de l’intervention en travail social. Elle focalise son attention sur le bras de fer alors engagé par notre profession autour de l’homologation du diplôme d’État d’assistant de service social au niveau III. Depuis, beaucoup de choses ont changé, notamment la codification des niveaux de diplômes, maintenant inversée et alignée sur des nomenclatures européennes. Mais il validait à l’époque deux années d’études, alors que la formation en comptait trois, qu’il fallait disposer du baccalauréat pour la commencer et que son mode de validation était plus exigeant que celui d’une licence universitaire. L’autrice propose une appréhension chronologique et thématique de ces événements. Elle mène ce travail avec le Groupe de recherche en histoire du service social (GREHSS), animée par le sociologue Henri Pascal. Ces deux figures majeures de la réflexion relative au travail social collaborent régulièrement à des travaux de publications. Leurs accointances sont bien connues. Elles inscrivent l’analyse proposée dans une démarche rigoureuse. Assistantes sociales en lutte 1990-1992 se déroule comme un récit alimenté par de multiples sources : documents d’époque, articles de journaux, extraits de livres et témoignages personnels. On y trouve même des photographies de collègues en action ou des reproductions de dessins et autres pins, autant de symboles, rappels des énergies alors à l’œuvre. L’ensemble dynamise et humanise cet attachant travail de mémoire. On pourrait regretter l’absence de présentation de ces acteurs principaux qui aurait encouragé une lecture plus projective de cette démonstration. Mais Cristina De Robertis privilégie l’enjeu sociétal des événements plutôt que leur dimension anecdotique. Elle apporte une pierre supplémentaire à l’édifice qui fait du service social un acteur véritable de la société contemporaine. Et voilà bien l’intérêt du propos. Au‑delà des événements politiques d’une époque porteuse d’espoir (marquée par des mesures phares telle que l’abolition de la peine de mort, la réduction du temps de travail, la mise en œuvre de la décentralisation, la création du RMI…) s’ouvrait pour le service social l’opportunité de faire valoir ses spécificités. La circulaire du 28 mai 1982 de Nicole Questiaux, éphémère ministre de la Solidarité nationale, relative aux « Orientations principales sur le travail social » invitait à cette réflexion. Quelques pages lui sont consacrées au début du livre.

Dans l’effervescence d’une période ouverte au débat d’idées, les assistantes sociales, soutenues dans un premier temps par l’ANAS et le Comité national des écoles de service social (CNESS), qui mirent en place un Comité national d’action (CNA) au sein duquel les rejoignirent dix‑neuf associations professionnelles et syndicats, optaient pour des formes combatives de négociation. Fortes de ce soutien, les professionnelles se dotaient d’instances, précisaient leur niveau d’exigence, s’adaptaient aux circonstances, luttaient contre les duplicités pleines d’arrière‑pensées des cabinets ministériels…  Le mouvement s’élançait, réfléchissait, avançait, agis‑ sait, hésitait, prenait le temps, se dépêchait, s’essoufflait, s’épuisait… mais ne recula jamais ! Le troisième chapitre du livre décrit l’énergie que trouva le mouvement dans des formes d’organisation basées sur l’implantation locale, le refus de la délégation de pouvoir et le respect de la liberté d’action reconnue à chaque instance. Les pages consacrées à la Coordination nationale des collectifs d’assis‑ tantes de service social (CONCASS), créée en novembre 1990, rappellent la possibilité et le dynamisme de ces principes d’organisation. Ce changement de perspective remplit une fonction essentielle dans le déroulement des événements. Car observées depuis la réalité concrète des quotidiens de travail, ce que les instances représentatives nomment « négociation » ou « temps de la réflexion » apparaît soudain comme autant de stratégies de détournement des revendications et parfois d’évitement de la rencontre véritable. La pensée de Pierre Clastres, célèbre anthropologue français, rôde dans ces passionnants passages. Lassées par la fausseté des discours administra‑ tifs et politiques, les assistantes sociales optèrent alors pour le temps de l’action.

La mémoire évoquée par Cristina De Robertis dans Assistantes sociales en lutte 1990-1992 défend l’hypothèse du rôle joué par l’engagement des assistantes sociales dans l’évolution de leur diplôme. L’argumentaire répond aux exigences de la démonstration. Cette lecture réjouira les acteurs de l’époque qui verront resurgir quelques souvenirs jubilatoires, intéressera les exégètes du service social avides d’éclairages concernant les actuelles difficultés de notre profession, intéressera les étudiants soucieux de l’archéologie de leur diplôme et du statut qui les attend… Mais au‑delà de la façon particulière dont la profession d’assistante sociale réagit face à un acte d’injustice et de mépris, ce livre fournit pléthore d’éléments de réflexion relatifs à nos engagements et aux outils dont nous disposons pour les faire valoir… ou pas.

Confortablement précédée par sa renommée, Cristina De Robertis publie Assistantes sociales en lutte 1990-1992 aux éditions de l’ANAS. Elle inaugure une collection ambitieuse en osant un pas de côté réussi.

Christophe Anché
 

Mercredi 27 Octobre 2021

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