Association nationale des assistants de service social

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communiqué


L’Association Nationale des Assistants de Service Social (ANAS) tient à marquer son inquiétude et sa réprobation après la décision de suspendre les allocations familiales versées aux parents de mineurs qui seront placés dans des centres éducatifs fermés. La lutte contre la délinquance des mineurs passe par la prévention dès le plus jeune âge et le soutien de la fonction parentale.



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La suspension des allocations familiales va stigmatiser et amplifier les difficultés des familles les plus pauvres. Ainsi, par la diminution du quotient familial c’est toute la famille de l’enfant placé qui sera pénalisée notamment la fratrie. Cette suppression des prestations aura donc pour conséquence d’amplifier les difficultés. Elle déresponsabilise les parents et les rend symboliquement « coupables » des difficultés.

Les assistants sociaux qui sont en contact quotidien avec les familles savent que de nombreux parents sont démunis et ne cautionnent pas les actes de délinquance posés par leurs enfants. Ils ont d’abord besoin d’être soutenus et conseillés. Or à aucun moment il n’est proposé de travailler avec les parents. Pourtant La lutte contre la délinquance des mineurs passe par la régulation des équilibres intra et extra familiaux.

Pour les familles en rupture de socialisation la suppression des prestations familiales risque de provoquer un désinvestissement encore plus important à l’égard de leurs enfants. Il sera encore plus difficile de les mobiliser pour qu’ils assument leur rôle parental.

En introduisant la possibilité de condamner à une peine les mineurs de 10 à 13 ans, il est totalement nié la réalité de la fragilité des enfants de ces âges notamment lorsqu'ils passent à l'acte.

Un enfant de 10 ans qui pose des actes de délinquance est un enfant en danger qu'il faut protéger et éduquer.

Un enfant ou un adolescent en souffrance développe des troubles du comportement. Soit il somatise, c'est à dire qu'il développe des symptômes tels les anorexies mentales, les troubles du langage à des degrés divers et d'autres pathologies traitées par les pédopsychiatres ou autres spécialistes. Il peut aussi exprimer une violence contre lui même : ce sont alors les tentatives de suicides. Rappelons que le suicide est la deuxième cause de mortalité des jeunes en France. Enfin, il peut aussi poser des actes de délinquance plus ou moins grave selon son état et son environnement. Ces actes surviennent souvent à l'issue d'un processus qui passe par une multiplication d'actes d'incivilités qu'il faut pouvoir traiter rapidement. 80% des mineurs auteurs d’actes de délinquance sont eux même victimes d’actes de violences commis à leur encontre.

La prévention n’exclue pas la sanction mais celle-ci doit être éducative. Or enfermer ne permet pas d'éduquer. C'est dans le quotidien d'une vie en société, c'est à dire au contact des autres, de l'école, de la famille élargie, des activités sportives et de loisirs, que les enfants apprennent à vivre en société. Ils se structurent à partir de modèles.

C’est pourquoi nous regrettons qu’à aucun moment la question de la prévention ne soit abordée.

Pourtant les causes sont connues et des réponses existent,
Tous les spécialistes reconnaissent que le processus de socialisation de l’enfant a été fortement perturbé ces dernières années. Quelles que soient leurs origines sociales de nombreux parents ne savent plus jusqu’où ils peuvent poser des limites en matière éducative. Le désinvestissement de la fonction paternelle et l’absence de soutien des familles dans le quotidien ont permis à des enfants de grandir sans se structurer socialement. C’est en renforçant l’aide aux parents qu’il sera possible de lutter efficacement contre la délinquance des mineurs. Il faut aussi proposer des lieux d’accueils pour la petite enfance et l’enfance en nombre suffisant et financièrement accessibles à tous. Il s’agit de contribuer à la socialisation de l’enfant dès le plus jeune âge en complément de l’action des parents.

Se contenter d’une politique répressive pour traiter le problème social de la délinquance juvénile n’est pas sans danger. Elle ne tient pas compte du processus qui conduit les mineurs à poser des actes de délinquance. Seul un travail de longue haleine centré sur la prévention dès la petite enfance peut permettre d’endiguer un phénomène qui concerne l’ensemble des pays développés. C’est une question de volonté. C’est pourquoi il faut, à l’échelle du pays, donner de véritables moyens permettant de mettre en œuvre une réelle politique en direction de l’enfance et de la famille. Celle-ci doit associer l’ensemble du corps social. Il s’agit d’agir pour permettre à chacun de trouver sa place et de vivre dans le respect mutuel.

Le bureau national de l'ANAS
Le 09 / 08 /02


Samedi 10 Août 2002




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